Compte-rendu - Dîner-débat avec Julien AUBERT

Le Cercle Orion a eu l’honneur et le plaisir de recevoir Julien AUBERT, homme politique et haut-fonctionnaire français, président du mouvement gaulliste “Oser la France” et ancien député du Vaucluse, dans le cadre de son Initiative Racines & Résonances de la Droite (I2RD) qui vise à intellectuellement réfléchir sur les fondements historico-philosophiques de la droite afin de les évaluer à l’aune des attentes du XXIe siècle et des aspirations politiques des Français.

Le dîner-débat en compagnie de Julien AUBERT fut d’une dense polyvalence, avec une approche de franc parler salutaire. En sus des sujets de politique nationale pures furent abordés des enjeux thématiques majeurs comme l’écologie ou la laïcité.

Dans un premier temps, Julien AUBERT, en écho avec le discours de notre Président Alexandre MANCINO, nous a livré ses analyses sur la situation politique nationale.

Le fondateur d’Oser la France s’est tout d’abord attardé sur le macronisme. Plutôt que de penser qu’Emmanuel MACRON a brisé les clivages politiques traditionnels, Julien AUBERT pense qu’il est plutôt le reflet d’un processus de reconfiguration idéologique partisan étant à l’œuvre depuis longtemps. En effet, déjà d’anciens ténors politiques comme Michel ROCARD ou Alain JUPPÉ, bien que de partis historiquement rivaux, présentaient de larges convergences intellectuelles. Cette proximité dérive de la mondialisation et des théories socio-économiques orthodoxes associées qui progressivement rejetèrent aux oubliettes de l’Histoire les tensions idéologiques profondes entre gaullisme et communisme. La nouveauté plus nette introduite par le Président de la République est l’instauration d’un règne absolu de la communication qui s’avère “en même temps” dépourvu de tout cap, ce qui est pleinement en phase avec l’analyse du Cercle Orion sur les problèmes de ce “en-même-temptisme”.

L’état de la droite, en uniformisation croissante avec la gauche de gouvernement, s’explique par la confiance dans un balancier droite/gauche (encore existant dans le monde anglo-saxon par exemple) qui a poussé la droite vers une paresse intellectuelle, dans l’attente de l’alternance post-François HOLLANDE sans inventaire ou réflexion programmatique de fond. Or, ce balancier a été brisé par l’élection d’Emmanuel MACRON, laissant la droite déconvenue.

Alors que l’avenir de la droite républicaine prend un nouveau tournant dans quelques jours, Julien AUBERT nous a confié les raisons de son soutien à la candidature de Bruno RETAILLEAU à la présidence de LR. Le vauclusien vante du vendéen sa méthode de parler vrai, sa lucidité sur les présidences de droite antérieures, sa cohérence intellectuelle, sa modération mais aussi sa volonté de réinvention complète du parti “Les Républicains”, voué s’il est élu à notamment changer de dénomination.

Interrogé sur la proposition formulée par plusieurs membres de LR - dont au premier chef le précédent invité politique du Cercle Orion Jean-Francois COPÉ - de constituer une coalition avec la relative majorité présidentielle, Julien AUBERT note pragmatiquement que la droite manque d’un leader naturel pour être nommé à Matignon pour incarner cette coalition ou encore d’un programme politique suffisamment dense et partagé pour engager LR dans un rapport de force gouvernemental solide vis-à-vis d’Emmanuel MACRON. 

Pour finir ce moment politique, Julien AUBERT nous a confié croire en la forte probabilité d’une dissolution - qu’il justifie par l’égo du Chef de l’Etat, désireux de renforcer son pouvoir - qu’il pronostique à l’horizon des européennes, élection traditionnellement favorable à la majorité présidentielle (et au Rassemblement national aussi) et qui peut dès lors créer une dynamique favorable à Renaissance et ses alliés, les élections européennes se situant par ailleurs temporellement au mi-temps du quinquennat, ni trop tôt ni trop tard à l’échelle du mandat élyséen.

Dans un second temps, Julien AUBERT a répondu aux questions des participants de ce dîner-débat signature, apportant ainsi son éclairage sur des thématiques de politique intérieure et internationale.

La première question, posé par notre Président, porta sur l’importance du parler vrai et du renouveau de la démocratie, avec plus de participation à l’aune des initiatives de consultations citoyennes récentes. L’ancien député du Vaucluse a souligné l’importance du parler vrai - auquel nous sommes attachés au sein du Cercle Orion - mais a mis en exergue un enjeu de procédure oratoire : on peut dire des choses très clivantes posément tout comme on peut vociférer des propos convenus. Le ton à adopter est donc celui de la mesure et la scientificité, ce qui résonne pleinement avec la méthode Orion. Quant à la démocratie participative, Julien AUBERT préfère la valorisation de temps d’écoute plutôt que de parole, narrant des prises à parti de citoyens à l’avis souvent très renseigné et clivant sur un sujet précis, comme le nucléaire par exemple.

Prenant appui sur son expérience d’ancien élu local de longue date dans un territoire mêlant tant les problématiques rurales qu’urbaines de notre temps, le président d’Oser la France a souligné la difficulté de faire Nation aujourd’hui et la montée des extrêmes, comme l’avait notamment regretté Jean-Marc SAUVÉ dans notre précédent évènement. Julien AUBERT en appelle à prendre le pouls des particularismes locaux, alors que des populations perdantes de la mondialisation se réfugient derrière le discours populiste jugeant que, à tort ou à raison, droite, centre et gauche se confondent et sont incapables d’agir pour solutionner leurs difficultés en termes de mode de vie, de sécurité et de pouvoir d’achat. Julien AUBERT a ainsi vivement dénoncé le parisianisme, la capitale n’étant pas un miroir fidèle du quotidien des Français et dès lors déformant l’appréciation par les élites des politiques publiques nécessaires à mettre en œuvre.

Sur la question écologique, sur laquelle Julien AUBERT a beaucoup travaillé, celui-ci plaide pour une “écologie humaniste”. En effet, il vilipende un écologisme de gauche radicale qui, se rêve en une nouvelle Internationale et une nouvelle morale du Bien, est doublement non humaniste : elle ne protège pas les hommes et leurs besoins (besoins vitaux, besoins spirituels, besoins matériels du quotidien) et elle ne consulte pas les hommes, imposant des normes très contraignantes “pour le bien des gens” contre leur gré démocratique. Julien AUBERT appelle dès lors à prendre le contre-pied de cette posture, en assurant la protection et la consultation des citoyens sur ce sujet majeur.

Interrogé sur la Guerre en Ukraine, Julien AUBERT a souligné qu’il était nécessaire tant de comprendre la position russe, tant nourrie de multiples violations du droit international par les Etats-Unis depuis leur hegemon unipolaire post-Guerre froide qu’annoncée de longue date (par exemple lors du discours de Vladimir POUTINE à Munich de 2007), tout en n’excusant pas l’invasion, mais au contraire en adoptant des sanctions fermes quoique calibrées - pour éviter des retombées trop négatives sur notre propre population.

Sur l’enjeu européen et de la souveraineté juridique, le séguiniste qu’est Julien AUBERT a voulu dissocier droit des traités et droit dérivé de l’Union européenne. Si la Constitution (en son article 88-1) mentionne la place singulière et supra-légale des traités européens en France, traités ratifiés démocratiquement, ce n’est pas le cas des jurisprudences qui ont un effet majeur sur le quotidien des Français : la doctrine de juges européens, administrateurs nommés, s’impose dès lors au législateur, représentant élu de la Nation.

Le thème de la laïcité fut également l’objet d’une analyse de notre invité Julien AUBERT. Il distingue trois enjeux : cultuels, culturels et politiques. L’islam, comme avec le port de tenues comme la burqa, le hijab ou les abayas, revêt en France une forte dimension culturelle, au-delà de la légitime dimension cultuelle, protégée et encadrée par la loi du 09 décembre 1905. Or, ces manifestations culturelles peuvent avoir un sous-jacent politique. Pour y voir plus clair sur l’intentionnalité profonde de ces comportements, Julien AUBERT plaide donc pour la constitution d’un délit en cas de refus d’obtempérer à l’ordre d’ôter les éléments cultuels et culturels par une “autorité légitime” sur fondement de troubles à l’ordre public ou encore d’un délit d’entrave — comme lors du refus d’être contrôlé par un agent public du sexe opposé du contestant. En effet, de tels refus caractérisent une volonté politique au-delà de la dimension culturelle de certains comportements. Fondamentalement, la loi de 1905, adressée contre une religion cléricalisée au sein d’une société homogène, est en difficulté dans un contexte où la religion posant aujourd’hui problème est dépourvue d’un clergé, sujette à des influences financières et politiques étrangères, au sein d’une société individualiste — où se mêlent par exemple une multitude d’exigeantes alimentaires personnelles.

Le dîner-débat autour de M. AUBERT, d’une forte densité thématique, s’inscrit pleinement dans notre Initiative Racines & Résonances de la Droite (I2RD), qui cherche à définir les fondements intellectuels de la droite dans le paradigme actuel. La discussion fut riche, en réelle phase avec notre orientation stratégique au sein du Cercle Orion, et nous conforte d’optimisme pour le renouveau d’une droite au service de notre ambition de France puissance.

Le prochain évènement organisé par le Cercle Orion se tiendra le jeudi 1er décembre en compagnie du maire du XVIe arrondissement de Paris, M. Francis SZPINER, personnalité forte ayant une histoire riche au sein de la droite gaulliste.