[Compte-rendu] - Dîner-débat avec Henri PROGLIO

 
 

Le Cercle Orion a eu l’honneur de recevoir ce jeudi 15 février Henri PROGLIO, ancien PDG du groupe EDF de 2009 à 2014. Ce dîner-débat s’inscrit dans le cadre de l’Initiative Réindustrialisation Verte (adossée à l’Axe phare Climat & Transition énergétique) qui matérialise une séquence sur l’industrie et les moyens de la mettre au service des objectifs nationaux d’approvisionnement, de coût et de décarbonation.

Ce dîner a permis de revenir sur les évolutions dans l’approvisionnement et la distribution de l’énergie (notamment gaz et électricité) et sur les politiques de diversification du parc énergétique avec les énergies renouvelables.

D’une part, on peut regretter la conduite parfois hasardeuse des politiques publiques de l’énergie. Alors que le choix a été fait dans les années 1970 de faire reposer notre approvisionnement énergétique majoritairement sur le nucléaire, d’où le développement des centrales nucléaires de production d’électricité et l’ensemble de l’expertise, des compétences et des moyens techniques et industriels afférents, l’introduction des énergies renouvelables n’a initialement pas été réfléchie de manière à concilier les exigences de prix et de décarbonation.

En effet, la décision prise en 2012 de réduire la part du nucléaire à moins de 50% de la production d’énergie et de fermer la centrale de Fessenheim répondait d’abord au but politique de s’assurer du soutien des Verts. Pourtant, le développement en France des énergies éolienne et solaire n’en était qu’à ses débuts, d’où une perspective impliquant un renchérissement du prix de l’énergie. De plus, un investissement important venait d’être réalisé dans la centrale de Fessenheim.

A cet égard, la réorientation de la politique énergétique depuis 2021 constitue un tournant salutaire pour l’énergie nucléaire avec l’annonce de la construction de nouveaux réacteurs. En effet, la nécessité de disposer d’une source d’énergie de base non intermittente pour l’approvisionnement constant implique de ne pas abandonner le nucléaire à moins de se tourner vers des sources peu respectueuses de l’environnement et des objectifs de décarbonation. D’autre part, l’agression russe de l’Ukraine et la rupture des liens économiques dont énergétiques avec la Russie montre qu’il est important de disposer de ressources souveraines pour prémunir l’Europe contre une déstabilisation hostile.

Les différences de point de vue entre les gouvernements sont à l’origine non seulement de différences d’appréciation sur les perspectives économiques et énergétiques mais aussi de problématiques de cohérence et de pérennité des ressources. Ainsi, les objectifs, fixés par la loi après 2012, de fermeture de centrales nucléaires ont conduit à une perte en compétences et à une baisse de la formation et des recrutements des ouvriers et des ingénieurs spécialisés. Il en résulte un surcoût important pour la relance de la filière nucléaire et une désorganisation des acteurs publics et privés à l’œuvre.

Une politique énergétique efficiente et durable doit concilier au mieux les exigences du coût final pour le consommateur avec les objectifs de la transition écologique notamment la décarbonation et éviter de dépendre de puissances étrangères. Il apparait que, si un mix énergétique est nécessaire pour disposer d’un volume suffisant dans les périodes de tension (hiver et heures non creuses), l’énergie nucléaire est celle qui répond le mieux à ces trois objectifs. En conséquence, il est nécessaire d’effectuer les investissements propres à ce que la part du nucléaire atteigne un taux majoritaire dans notre production.